Cosmo-opéraïsme
Le cosmo-opéraisme est un concept du chercheur Benjamin Gizard dans la cadre de sa thèse : Après tout. Raconter la naissance du capitalisme, en prévision de soutenance en 2025. Le cosmo-opéraisme réunit cosmologie et opéraïsme ou comment faire monde à partir des luttes de terrain. Le concept insiste sur l’idée que le capitalisme est un rapport au vivant, une position au monde qui s’inscrit dans une histoire longue de luttes, de dominations et de résistances (et non l’emballement d’une idée née au XIXe siècle avec la Révolution Industrielle).
Cosmo-opéraism is a concept developed by researcher Benjamin Gizard as part of his thesis: Après tout. Raconter la naissance du capitalisme, due to be defended in 2025. Cosmo-operaism brings together cosmology and operaism, or how to make the world out of grassroots struggles. The concept insists on the idea that capitalism is a relationship with the living, a position in the world that is part of a long history of struggles, dominations and resistances (and not just the hype of an idea born in the 19th century with the Industrial Revolution).
“Mon hypothèse est que le travail de mise en récit tel que le pratiquent et le pensent Federici, Moore et Graeber peut être qualifié de « cosmo-opéraïste » : il permet de prendre au sérieux l’idée de conflit de mondes pour penser la naissance du capitalisme, tout en restant au plus près des luttes et des vies impliquées dans ces conflits.”
L’opéraïsme est un courant marxiste italien de l’après guerre qui théorisait la prise de distance des luttes ouvrières avec les organismes de représentations que sont les partis ou les syndicats. Les penseurs de ce courant s’intéressait à « l’ouvrier de masse », cet ouvrier peu qualifié, peu formé aux pensées marxistes, mais animé d’une force révolutionnaire en confrontation directe avec le capitalisme. Le cosmo-opéraïsme exprime donc la possibilité de faire de nouvelles cosmologies à partir des luttes sociales, de proposer des récits et des façons de régir le rapport au vivant alternatives à celui du capitalisme.
Operaism is a post-war Italian Marxist movement which theorized that workers’ struggles should distance themselves from representative organizations such as political parties and trade unions. Thinkers in this movement were interested in the “mass worker”, the unskilled laborer with little training in Marxist thought, but with revolutionary strength in direct confrontation with capitalism. Cosmo-operaism thus expresses the possibility of creating new cosmologies out of social struggles, proposing alternative narratives and ways of governing our relationship with the living.
Dans sa thèse Benjamin Grizard s’appuie sur une étude du travail de Silvia Federici (un éclairage féministe matérialiste) de Jason W. Moore (un éclairage écologique marxiste) et David Graeber (un éclairage historique et anthropologique anarchiste). Trois auteur*ices qui tissent des récits alternatifs de la naissance du capitalisme ; des récits appuyés sur les luttes sociales et une histoire longue remontant à la fin du Moyen Âge et les début de la colonisation.
Benjamin Grizard’s thesis is based on a study of the work of Silvia Federici (a materialist feminist perspective), Jason W. Moore (a Marxist ecological perspective) and David Graeber (an anarchist historical and anthropological perspective). Three authors who weave alternative narratives of the birth of capitalism; narratives based on social struggles and a long history dating back to the late Middle Ages and the beginnings of colonization.
L’intérêt du cosmo opéraïsme est tout à la fois de montrer que la capitalisme est un projet politique ancré dans une historicité longue, pétrie de luttes sociales locales, ET de souligner sa contingence, c’est à dire qu’il est somme toute très minoritaire dans l’histoire humaine et tout à fait possible d’imaginer sa disparition.
The point of cosmo-operaism is both to show that capitalism is a political project rooted in a long historicity, steeped in local social struggles, AND to underline its contingency, i.e. that it is, after all, a very small minority in human history, and that it is entirely possible to imagine its disappearance.
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