Patriarchal capitalism
Le capitalisme patriarcal est le titre d’un ouvrage de Silvia Federici qui réunit un certain nombre de conférences de la chercheuse italo-américaine. C’est aussi un concept écoféministe qui relie la domination masculine et l’ordre économique capitaliste ou comment le second s’appuie nécessairement sur la première.
Patriarchal capitalism is the title of a book by Silvia Federici that brings together a number of lectures by the Italian-American researcher. It is also an ecofeminist concept that links male domination and the capitalist economic order, or how the latter necessarily relies on the former.
Le capitalisme patriarcal explique donc qu’il ne peut y avoir de capitalisme sans patriarcat. Le concept démonte donc l’idée d’un féminisme libéral, dont le seul objectif serait l’égalité des femmes avec les hommes, l’accès aux mêmes droits, notamment celui d’exploiter, de polluer, de devenir patronne. Le concept insiste aussi sur l’erreur de Marx d’avoir négligé la notion de genre dans l’analyse du système d’exploitation capitaliste.
Patriarchal capitalism explains that there can be no capitalism without patriarchy. The concept thus dismantles the idea of a liberal feminism, whose sole objective would be the equality of women with men, access to the same rights, including the right to exploit, pollute and become a boss. The concept also emphasizes Marx’s error in neglecting the notion of gender when analyzing the capitalist system of exploitation.
“Il n'a pas su voir (Marx) l'importance stratégique, tant pour le développement du capitalisme que pour la lutte contre celui-ci, de la sphère des activités et des rapports par lesquels nos vies et notre force de travail sont reproduites, à commencer par la sexualité, la procréation et, d'abord et avant tout, le travail domestique non payé des femmes. ”
Dans une étude fine du processus d’instauration du capitalisme Silvia Federici explique d’une part que c’est l’ordre patriarcal et notamment l’expropriation des femmes de leurs savoirs ancestraux en matière de soin, de leur accès à la terre et la codification négative des activités de reproduction, au XVIe et XVIIe siècle, qui a rendu possible la trajectoire capitaliste (contre laquelle des alternatives hérétiques se positionnaient). Elle explique d’autre part que la sortie des femmes de l’usine après la première révolution industrielle dans le courant du XIXes siècle ne doit pas grand chose à la bienveillance des syndicats mais beaucoup plus au processus d’accumulation primitive du capitalisme, affairé par le taux de mortalité infantile et le taux de natalité en berne. Les femmes ouvrières sorties des usines ont donné place aux femmes au foyers, sans salaires, assignées à la reproduction des forces de travail à savoir des enfants mâles futurs ouvriers, nourris blanchis logés. En sus, un service sexuel gratuit pour les hommes pour contenir leurs frustrations d’être dominés et assouvir leurs propres besoins de domination.
In a detailed study of the process by which capitalism was established, Silvia Federici explains that it was the patriarchal order, and in particular the expropriation of women from their ancestral knowledge of care, their access to land and the negative codification of reproductive activities in the 16th and 17th centuries, that made the capitalist trajectory possible (against which heretical alternatives were positioned). She also explains that women’s exit from the factory after the first industrial revolution in the course of the 19th century owes little to the benevolence of the trade unions, but much more to the primitive accumulation process of capitalism, afflicted by low infant mortality and birth rates. Female factory workers gave way to unpaid housewives, assigned to the reproduction of the workforce, i.e. male children to be workers, fed, whitened and housed. In addition, a free sexual service for men to contain their frustrations at being dominated and satisfy their own needs for domination.
Silvia Federici insiste sur le salaire comme invention capitaliste qui fonde la division production / reproduction et par là inscrit dans le fondement capitaliste une division sexuée du travail entre celui qui compte, et celui qui ne compte pas.
De nombreuses autrices écoféministes utilisent ce concept, telles que Ariel Salleh qui parle elle de patriarcat capitaliste, pour ne pas oublier que si le capitalisme n’existe pas sans le patriarcat, le patriarcat prospère sans le capitalisme.
Silvia Federici insists on the wage as a capitalist invention that founds the production/reproduction division and thereby inscribes in the capitalist foundation a gendered division of labor between those who count and those who don’t.
Many ecofeminist authors use this concept, such as Ariel Salleh, who speaks of capitalist patriarchy, so as not to forget that while capitalism does not exist without patriarchy, patriarchy can thrive without capitalism.
👀 à voir :
Federici Silvia, Le capitalisme patriarcal, Ed. Divergences
Salleh Ariel, Pour une politique écoféministe, ed. Le passager clandestin et Wildproject
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