Nanténé Traoré

Nanténé Traoré est un photographe, ou peut-être un peintre. Difficile de trancher. Nanténé a un sens aigu de la composition et de la profondeur de l’image. Profondeur du sens, profondeur des plans. Nanténé a un sen aigu de la matière. Il imprime sur velour, sur vinyl, sur papiers méticuleusement choisis. Il compose des images qui effleurent notre réalité, ou quand la fiction danse avec nos incertitudes et nos vulnérabilités pour ne jamais mourir.
Nanténé Traoré is a photographer, or perhaps a painter. It’s hard to say. Nanténé has a keen sense of composition and depth of image. Depth of meaning, depth of planes. Nanténé has a keen sense of matter. He prints on velvet, vinyl and meticulously selected papers. He composes images that brush up against our reality, or when fiction dances with our uncertainties and vulnerabilities so as never to die.

Nanténé a une hyperconscience du monde, qui dit la perte ou plutôt l’absence perpétuelle à la vie en train de se faire. Une sensibilité qui s’écoule dans le flou, la vibration, les plans serrés, la saturation des couleurs comme pour tenter de restituer ce que vivre fait au coeur quant il est délavé d’avoir comme tout déjà compris. Nanténé retouche ses images, comme un instant de vie qui s’écoule en filtre sur un instant préalablement capturé, il travaille le temps en millefeuille et déroute nos attaches. L’image que l’on voit n’est jamais un instant passé mais flirte avec l’abstraction dans une plongée vertigineuse vers l’infini. L’oeuvre de Nanténé touche à l’indicible. Il est question de garder le silence, et si tout ne s’expliquait pas ? La mort s’explique t-elle après tout ? La photographie devient une pratique de nécromancie, ou comment dialoguer avec ce que nous ne sommes déjà plus, avec les mondes qui meurent mais qui disent tout de nous. Tout va si vite.
Nanténé’s hyper-awareness of the world speaks to the loss, or rather the perpetual absence, of life in the making. A sensibility that flows through blur, vibration, tight shots and saturated colors, as if trying to restore what living does to the heart when it’s washed out from having understood everything already. Nanténé retouches his images, like an instant of life flowing through a filter on a previously captured moment, he works time into a millefeuille and disrupts our attachments. The image we see is never a past moment, but flirts with abstraction in a dizzying plunge into infinity. Nanténé’s work touches on the unspeakable. It’s a question of keeping silent, and if not everything could be explained. Can death be explained after all? Photography becomes a practice in necromancy, or how to dialogue with what we are no longer, with worlds that are dying but that say everything about us. It all happens so fast.


Nanténé Traoré dit souvent qu’il raconte des histoires. Il travaille à partir de pellicules argentiques expirées. Il photographie des corps non normatifs, des lieux d’errance ou de rêverie, il affectionne la perte. Quelque part, il prolonge avec tendresse la vie de celleux qui n’étaient pas censéx survivre (Lordre).
Nanténé Traoré often says he tells stories. He works with expired silver film. He photographs non-normative bodies, places of wandering or reverie, and is fond of loss. Somewhere, he tenderly prolongs the lives of those who were never meant to survive (Lordre).

La mélancolie s’entremêle à la nostalgie d’une naïveté sur le monde. Un point dans le creux du ventre quant à la l’innocence perdue. La violence des regards qui ne tolèrent pas l’insouciance qui brille. Nanténé Traoré ne documente pas les vies marginales, il conte l’intimité des amours sincères, la possibilité d’être libres.
Melancholy intertwines with the nostalgia of a naiveté about the world. A spot in the pit of the stomach for lost innocence. The violence of glances that do not tolerate the carefree glow. Nanténé Traoré doesn’t document marginal lives, but tells of the intimacy of sincere love and the possibility of being free.

