LAURIE CHARLES
Le travail de Laurie Charles est un art de l’incursion et de l’échappée. Par un travail multi supports et multidimensionnel Laurie Charles contamine les espaces les plus surveillés de l’ordre capitalo-patriacal.
Laurie Charles’ work is an art of incursion and escape. Through her multi-media, multi-dimensional work, Laurie Charles contaminates the most closely guarded spaces of the capitalist-patriarchal order.
Les sculptures molles d’organes de l’artiste questionnent les notions d’intérieur et d’extérieur, les rapports d’échelle, les parties du corps en temps que messagers. Dans cette esthétique duveteuse habitée de personnages organes un brin surréalistes on touche du doigt les réflexions bioéthiques féministes de Donna Haraway sur la complexité de définir un Soi univoque et la cohabitation dans le corps. Chaque organe est un monde habité qui a voix au chapitre de notre histoire. Dire « je » depuis la tête est une croyance cartésienne.
The artist’s soft sculptures of organs question notions of inside and outside, relationships of scale, and body parts as messengers. In this fluffy aesthetic, inhabited by slightly surreal organ characters, we come into contact with Donna Haraway’s feminist bioethical reflections on the complexity of defining a univocal Self and living together in the body. Each organ is an inhabited world with a voice in our history. To say “I” from the head is a Cartesian belief.
La grammaire de l’artiste déploie un trait simple et direct qui tranche avec la sophistication des environnements. Laurie Charles s’approprie le stigmate du boudoir, assume le décoratif et déploie une esthétique du prendre soin. L’intime est politique. Le renversement n’a rien de griffu, il utilise les armes du maître et fait disparaître l’oppresseur. L’invisibilisation des femmes des espaces de soin et de savoirs est d’autant plus criante qu’elle semble évidente et omniprésente dans l’oeuvre.
The artist’s grammar deploys a simple, direct line that contrasts with the sophistication of her environments. Laurie Charles appropriates the stigma of the boudoir, assumes the decorative and deploys an aesthetic of care. The intimate is political. There’s nothing clawed about the overthrow: it uses the master’s weapons and makes the oppressor disappear. The invisibilization of women in the spaces of care and knowledge is all the more striking as it seems obvious and omnipresent in the work.
La palette colorimétrique en décliné de violet est un pas de côté à la chair pour une entrée dans la fiction, aussi sûrement un clin d’oeil aux sorcières brûlées entre le XVI et le XVIIe siècle. Le papier peint répétitif jusqu’à l’hypnose nous fait passer de l’autre côté du miroir de l’hystérie, là où se loge le récit essentialiste de la folie des femmes. Comme un certain nombre de jeunes artistes le regard porté par Laurie Charles sur le Moyen Âge doit beaucoup à un épuisement de l’imagier post-capitaliste, cherchant par là à identifier, loin de nos a priori, ce qui n’a en fait rien d’évident et tout de construit. Le travail de l’artiste tire par là des fils et relie par des fictions écoféministes la folie la femme et la domination.
The violet color palette is a step away from the flesh and into fiction, as surely as a nod to the witches burned between the 16th and 17th centuries. The wallpaper, repetitive to the point of hypnosis, takes us to the other side of the mirror of hysteria, where the essentialist narrative of women’s madness is lodged. Like a number of young artists, Laurie Charles’s view of the Middle Ages owes much to her exhaustion of the post-capitalist imaginary, seeking to identify, far from our preconceptions, what is in fact neither obvious nor constructed. In this way, the artist’s work draws threads together, linking women’s madness and patriarchal capitalist domination through ecofeminist fictions.