Damien Rouxel
Damien Rouxel signe une oeuvre sincère sur la rupture de la filiation, l’alliance dans la marginalité, le monstrueux, l’identité de genre, la question de l’utilité. L’oeuvre (photographie, vidéo, sculpture, installation et performance) emprunte à son histoire familiale rurale et à l’histoire de l’art pour tisser des mises en scènes qui sont autant de mises en abîmes de ces problématiques enchâssées.
Damien Rouxel’s sincere work deals with the break-up of filiation, the alliance of marginality, the monstrous, gender identity and the question of utility. The work (photography, video, sculpture, installation and performance) borrows from his rural family history and from the history of art to weave together stagings that are as many mise en abîmes of these embedded issues.
Damien Rouxel a une pratique picturale de la photographie, poussant le trait de la mise en scène, les références évidentes à l’histoire de l’art et la saturation des couleurs, comme pour un entrechoc avec le décors et le sujet de l’oeuvre : la ferme, les paysans, la campagne d’une part, son identité d’artiste, queer, qui ne reprendra pas la ferme d’autre part. Le fils ne sera pas prodige, même pas sacrifié, juste inutile dans un monde où le corps, humain comme animal, est poussé à l’épuisement. Dans l’œuvre, notamment performative, se joue une alliance dans le monstrueux entre des corps mâles faibles et inutiles et ces corps animaux, souvent femelles, productifs et exploités, jamais libres de se définir par eux-même.
Damien Rouxel uses photography in a painterly way, pushing the staging line, the obvious references to art history and the saturation of colours, as if to clash with the setting and the subject of the work: the farm, the peasants, the countryside on the one hand, and his identity as a queer artist who will not be taking over the farm on the other. The son will not be a prodigy, not even sacrificed, just useless in a world where the body, both human and animal, is pushed to exhaustion. In the work, particularly in performance, there is a monstrous alliance between weak and useless male bodies and these animal bodies, often female, productive and exploited, never free to define themselves.
La répétition des personnages (ses parents, sa soeur) évoque la troupe de théâtre, la farce. Il y a quelque chose de carnavalesque dans l’oeuvre, quelque chose de l’ordre du renversement et du désordre. Par une prise de distance fine et un trait d’esprit indéniable, Damien Rouxel porte un regard attendrit sur la ruralité, son austérité et son silence. L’oeuvre ouvre un dialogue.
The repetition of the characters (his parents, his sister) evokes the theatre troupe, the farce. There is something carnivalesque about the work, something of the order of reversal and disorder. With a fine sense of distance and an undeniable wit, Damien Rouxel takes a tender look at rural life, its austerity and its silence. The work opens up a dialogue
“Les entendre se demander ce que je vais devenir. Ce qu’ils ont raté. Les entendre dire que je suis con. Que je suis un feignant. Que je suis un bon à rien. Que je suis comme toi. Je sais que tu incarnes pour eux tout ce qu’il ne faut pas. Tout ce qu’ils n’aiment pas. (…) C’est parce que je suis p*d* que je ne suis pas comme toi. C’est parce que je suis p*d* que je me suis sauvé. C’est parce que je suis p*d* que je suis artiste. C’est parce que je suis p*d* que je suis sauvé. (…) Cette ferme s’en est la fin. Et j’en suis ravi.”