Contre violence
La contre-violence est un concept posée par Françoise d’Eaubonne dans son ouvrage Contre violence, ou la résistance à l’Etat (écrit à la suite de la mort de la militante de la RAF Ulrike Meinhof en 1976). Pour l’autrice il faut bien distinguer le terrorisme de la contre-violence, que l’Etat tente d’assimiler. Pour d’Eaubonne le premier cas est indéfendable et perpétue des actes violents sans distinction qui terrifie les populations, généralement au nom de causes idéologiques. La contre-violence est en revanche légitime en ce qu’elle s’attaque de manière précise et ciblée aux organes et aux représentants de l’Etat, lui-même oppresseur et violent (de part sa structure même).
Counter-violence is a concept put forward by Françoise d’Eaubonne in her book Contre violence, ou la résistance à l’Etat (written following the death of RAF activist Ulrike Meinhof in 1976). For d’Eaubonne, it is important to distinguish between terrorism and counter-violence, which the State tries to assimilate. For d’Eaubonne, the former is indefensible and perpetuates indiscriminate acts of violence that terrify populations, generally in the name of ideological causes. Counter-violence, on the other hand, is legitimate in that it attacks in a precise and targeted manner the organs and representatives of the State, which is itself oppressive and violent (by virtue of its very structure).
Il faut bien comprendre ici que l’autrice du Féminisme ou la mort, aspire à un changement de paradigme sociétal, posant le patriarcat comme responsable de l’ordre de domination (hétérosexuel, capitaliste, consumériste) dans lequel nous vivons. Ainsi pour d’Eaubonne se retourner violemment contre des représentants de l’Etat qui justifient et perpétuent l’ordre de domination, notamment sur les femmes, la nature et l’ensemble des minorités, est bien un moindre mal ou moindre risque au regard de la (dite) « petite » violence quotidienne que représente la gifle (récurrente et appuyée) du mari, le dénigrement social, l’étouffement des aspirations personnelles des minorités, l’anéantissement du vivant, en somme : la mort.
It is important to understand here that the author of Feminism or Death aspires to a societal paradigm shift, positing patriarchy as responsible for the order of domination (heterosexual, capitalist, consumerist) in which we live. So for d’Eaubonne, turning violently against the representatives of the State who justify and perpetuate the order of domination, particularly over women, nature and all minorities, is a lesser evil/risk compared with the (so-called) ‘minor’ daily violence represented by the (recurrent and sustained) slap in the face of the husband, the social denigration, the stifling of the personal aspirations of minorities, the annihilation of living things – in short, death
“Mais l'adoption de la contre-violence (que seuls les idéalistes attardés déplorent encore par l'amalgame qu'ils font avec la VIOLENCE) n'est pas cette "masculinisation" des femmes que je dénonce ici-même, parade du Capital patriarcal pour nous hominiser afin de ne pas féminiser la planète ; elle n'est que l'adoption naturelle des moyens immédiats de la légitime défense qu'est aujourd'hui la résistance à l'État du nouveau fascisme”
À l’heure où la non-violence et la désobéissance civile tentent encore tout, il n’est pas inutile de déconstruire les violences et de réhabiliter la résistance.
👀 À lire :
Françoise d’Eaubonne, Contre violence, ou la résistance à l’Etat, Cambourakis, 2023 (1978)
Les Soulèvements de la terre, Premières secousses, chapitre « Paradoxes de la confrontation », éditions la frabrique, 2024
At a time when non-violence and civil disobedience are still the order of the day, it is worthwhile deconstructing violence and rehabilitating resistance.
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