LA GRANDE FOLIE
La Grande Folie de Johanna Rocard est tirée de l’épidémie dansante de Strasbourg en 1518. On raconte qu’une femme, Frau Troffea aurait jeté son enfant par dessus un pont et se serait mit à danser pour ne plus s’arrêter.
La Grande Folie by Johanna Rocard is based on the dancing epidemic in Strasbourg in 1518. The story goes that a woman, Frau Troffea, threw her child over a bridge and began dancing until she couldn’t stop.
“La danse s'empara de personnes jeunes et veilles. Elles dansèrent jour et nuit, jusqu'à tomber d'épuisement. On dressa une tribune sur la place du marché aux chevaux et sur celle du marché aux grains, on engagea des personnes rémunérées qui devaient danser avec elles au son des tambours et des fifres. Tout cela ne servit à rien. Beaucoup dansèrent jusqu'à la mort. ”
À partir de cet événement historique, très probablement exagérée et édifiée à des fins misogynes, Johanna Rocard fait advenir la folie de ces femmes et le pouvoir subversif de la danse. Il faut replacer l’anecdote historique dans le contexte du XVIe siècle qui inventa la figure de la sorcière, vieille femme ou mauvaise mère, manipulatrice de savoirs ancestraux de soin, sexuellement déviante, résistante à l’ordre individualiste et consumériste en cours d’instauration.
Johanna Rocard uses this historical event, most likely exaggerated and constructed for misogynistic purposes, to bring to life the madness of these women and the subversive power of dance. The historical anecdote needs to be placed in the context of the 16th century, which invented the figure of the witch, an old woman or bad mother, manipulator of ancestral healing knowledge, sexually deviant, resistant to the individualist and consumerist order that was being established.
“Tant mieux alors si ce sont les femmes, les précaires, les enfants qui ouvrent la danse, sans elleux nous serions perdu·es”
La Grande Folie est une performance de la dissidence des corps qui met en récit et en filiation l’ensemble des danses de cercle rituelles. On pense aux derviches tourneurs, au French Cancan, aux danseurs Eguns du Bénin, aux danses circulaires sacrées ou paiennes de retour du printemps. C’est donc une performance de connexion collective et d’éternel retour pour faire lien entre le sol et le cosmos. En témoignent les cornes si caractéristiques de l’esthétique de l’artiste.
La Grande Folie is a performance of bodily dissidence that brings together all the ritual dances of the circle. We think of the whirling dervishes, the French Cancan, the Egun dancers of Benin, the sacred or pagan circular dances of the return of spring. It’s a performance of collective connection and eternal return. The horns, so characteristic of the artist’s aesthetic, bear witness to this.
